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Mis à jour le 16 décembre 2020

Les branchements conditionnels sont un des outils les plus puissants des questionnaires, permettant à la fois d’alléger l’expérience pour les participants et de traiter en détail des sujets spécifiques. Malheureusement, les branchements conditionnels sont sous-utilisés… et pas forcément bien utilisés quand ils le sont. Voici tout ce que vous devez savoir pour utiliser à bon escient et dans les règles de l’art les branchements conditionnels !

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Les branchements conditionnels, c’est quoi ?

Comme leur nom l’indique, les branchements conditionnels représentent des embranchements, permettant de rediriger les participants vers une partie ou une autre du questionnaire en fonction de leur situation. Ils permettent donc, concrètement, d’afficher certaines pages ou questions de votre enquête à une partie seulement des répondants selon certaines conditions.

A quoi servent les branchements conditionnels ?

Les branchements conditionnels peuvent notamment permettre :

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  • D’éviter de poser à certains participants des questions qui ne les concernent pas
  • De creuser plus en détail un sujet concernant une partie seulement des répondants
  • De proposer différents cheminements selon les cas de figure

Bien utilisés, les branchements conditionnels :

  • Vous donnent plus de latitude, en vous permettant par exemple de poser plus de questions. Car vous vous assurez que chaque question sera uniquement posée aux personnes concernées !
  • Facilitent énormément la vie des participants, et permettent donc de lutter contre la survey fatigue

A l’opposé de tous ces bénéfices, je suis un jour tombé sur une enquête de recherche composée d’environ 130 questions, toutes posées à la suite sur 2 pages (et encore, c’est parce que l’outil ne permettait pas au chercheur de mettre plus de 99 questions par page !). Déjà, la bonne pratique serait de répartir les questions sur différentes pages, et de limiter le nombre de questions dans le questionnaire. Mais si je parle de cet exemple ici, c’est surtout parce que la majorité des questions de l’enquête ne concernait qu’une minorité de participants. Les répondants devaient donc, pour chaque question, déterminer s’ils étaient concernés ou non. Un cauchemar. Dans un cas comme celui-là, l’utilisation de branchements conditionnels est clairement indispensable pour éviter de “tuer” les répondants à la tâche.

Pourquoi les branchements conditionnels sont sous-utilisés dans les enquêtes

Il y a je pense deux raisons à cela.

Déjà, il s’agit d’une des fonctionnalités les plus avancées des outils d’enquête grand public. Ce qui signifie que :

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  • Tout le monde ne sait pas que ça existe
  • Elle est plus complexe à utiliser que les autres fonctionnalités
  • C’est une fonctionnalité payante sur un certain nombre d’outils (notamment SurveyMonkey)
  • Leur utilisation complexifie la conception et l’analyse de l’enquête, et tout le monde n’a pas forcément envie de se donner cette peine

Mais surtout, la non-utilisation des branchements conditionnels est liée à un des principaux biais dans la conception d’une enquête, que j’appelle biais du candidat idéal. En pratique, cela signifie que quand on conçoit un questionnaire, une question, une option, on a tendance à se faire mentalement une image du “répondant type”… en oubliant qu’elle ne s’appliquera pas à tous les répondants. Quand on n’a pas conscience qu’une partie du questionnaire ne s’adresse pas à tout le monde, on n’a donc pas conscience de l’utilité des branchements conditionnels !

Quand utiliser les branchements conditionnels ?

Dans quels cas faut-il utiliser ces branchements conditionnels ?

Il faut déjà commencer par regarder, dans l’ensemble des questions de l’enquête, celles qui potentiellement ne concernent pas tout le monde. Ces questions peuvent être posées telles quelles dans le déroulement linéaire de l’enquête (sans utiliser de branchements conditionnels) si :

  • Elles ne représentent pas plus de 10% des questions de l’enquête
  • On n’en pose pas plus d’une à la fois (on ne peut pas avoir à la suite deux questions ne concernant pas tout le monde)
  • On indique clairement que cette question ne concerne pas tout le monde, par exemple en commençant la question par un “si vous êtes dans telle situation”, ou en ajoutant une option “non concerné”
  • Ces questions sont facultatives (ce qui devrait d’ailleurs être le cas de la quasi-totalité des questions)

Si une de ces conditions n’est pas vérifiée, il faut alors utiliser des branchements conditionnels. Sinon, vous risquez de :

  • Fatiguer inutilement les répondants
  • Les irriter en leur donnant l’impression qu’on ne pense pas à eux, puisque cette enquête semble ne pas correspondre à leur situation
  • Ajouter de la confusion, et pousser des répondants à répondre n’importe quoi à des questions ne les concernant pas
  • In fine, pousser des participants à abandonner l’enquête

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Comment ça marche ?

Il y a deux composantes à un branchement conditionnel :

Les conditions

Il peut s’agir de la réponse donnée à une ou plusieurs questions, la date de la réponse, des informations dont on dispose sur le participant, ou des opérations logiques effectuées sur une ou plusieurs de ces conditions.

Le branchement

En fonction des conditions, on va afficher ou non une question ou une page, rediriger vers une page ou une autre, changer un texte, changer la formulation d’une question, afficher ou non telle option…

En pratique

Toutes ces fonctionnalités sont pourtant très théoriques. En pratique, sur la plupart des outils (et notamment Google Forms), cela se résumera à :

  • Conditions : la réponse donnée à une question fermée simple (les matrices ou cases à cocher ne sont en général pas concernées, tout comme on ne peut pas combiner les réponses à plusieurs questions)
  • Effet : rediriger vers une page ou une autre

Ces limitations permettent d’utiliser plus simplement les branchements conditionnels, c’est certain, mais limitent aussi les possibilités.

Par ailleurs, puisque la granularité des branchements conditionnels se limite au niveau de la page (et pas question par question), il faudra les utiliser avec parcimonie, pour ne pas donner au répondant l’impression d’avoir à parcourir un nombre interminable de pages.

Bien sûr, certains outils permettent d’aller sensiblement plus loin : c’est une des raisons pour lesquelles j’aime bien Zoho Survey, un outil très complet, plus abordable que Survey Monkey, proposant notamment des options fines pour les branchements conditionnels.

Bien utiliser les branchements conditionnels

Faisons le point sur les bonnes pratiques pour tirer le meilleur parti des branchements conditionnels :

Les réserver aux cas où c’est avant tout utile

N’en faites pas trop ! Essayer de partir sur une enquête avec 15 ramifications, c’est le meilleur moyen de se perdre… Visez plutôt 2 ou 3 parcours, c’est déjà très bien ! Réservez idéalement les branchements conditionnels aux cas :

  • Qui concernent un nombre non négligeable de répondants (pas besoin de faire une page dédiée aux hommes gauchers instituteurs à mi-temps, c’est un poil trop spécifique)
  • Qui ont un réel intérêt pour vous : n’ajoutez pas un cas pour ajouter un cas. Si l’étude de ce cas n’a pas d’intérêt particulier pour vous, faites directement passer les personnes concernées à la suite !

Rassembler les questions par cas similaires

Un cas, c’est presque un mini-questionnaire, avec sa logique et ses questions permettant de traiter intelligemment un sujet spécifique. Évitez de faire des branchements conditionnels pour seulement une question : cela peut-être le signe que vous ne traitez pas le sujet assez en détail, qu’il n’est finalement pas si important que cela, ou encore que vous n’avez pas utilisé les bonnes conditions pour votre branchement.

Dessiner la structure de vos branchement

Probablement la pratique la plus utile. En représentant dans un diagramme le parcours des répondants, vous visualisez beaucoup mieux vos branchements, vous prenez du recul, et diminuez ainsi les risques de vous tromper, tant dans la conception que dans la configuration. En particulier, vous diminuez les risques d’oublier des cas de figure ou de vous tromper de condition.

Pour dessiner ces graphiques, j’utilise en général draw.io, intuitif, gratuit et assez flexible.

Exemple

Voici un exemple de diagramme réalisé dans le cadre d’une enquête fictive sur la perception du confinement de mars 2020 :

Les différents “blocs” sont là où l’on pourra répartir les différentes questions de l’enquête.

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Les pièges à éviter

Comme toute fonctionnalité et toute étape de la conception d’enquêtes, les branchements conditionnels réservent leur lot de pièges ! Voici les principaux :

#1. Ne pas faire de branchements conditionnels

Alors certes, toutes les enquêtes ne se prêtent pas à des branchements conditionnels. Mais cela reste une bonne idée de se demander “si je devais créer un branchement conditionnel pour mon enquête, ce serait quoi ?”. Parfois, une solution évidente riche en valeur ajoutée s’impose à nous !

#2. Additionner les cas au lieu de les traiter l’un après l’autre

Probablement le conseil qui va le plus vous simplifier la vie ! Face à plusieurs niveaux de branchements conditionnels, le réflexe naturel est en effet de tenter de les additionner pour les traiter en parallèle. Reprenons l’exemple du diagramme précédent. On souhaite donc distinguer les personnes qui habitent en appartement ou en maison, et qui habitent seules ou non. On serait tenté de partir sur ces 4 cas :

  • Maison seul
  • Maison accompagné
  • Appartement seul
  • Appartement accompagné

Cela peut avoir du sens si la combinaison de ces deux facteurs apporte une information supplémentaire. Mais dans la plupart des cas, ce n’est pas forcément vrai… et celui-ci ne fait pas exception !

En pratique, il vaut mieux traiter un critère, puis l’autre. On traitera ainsi d’abord les deux branches maison et appartement. Puis, après être revenu sur la branche principale, on traitera les cas seul et accompagné. C’est bien la structure utilisée dans le diagramme ci-dessus.

Cette pratique permet de :

  • Simplifier la conception du questionnaire
  • Eviter les doublons de questions (écrire plusieurs fois une question sur des branches différentes)
  • Moins risquer d’oublier des cas de figure, ou d’inventer des cas “Frankenstein” qui finissent par ne plus représenter grand monde (plus vous serez spécifique dans votre cas, plus vous aurez en effet tendance à imaginer une situation particulière, qui ne représentera en réalité pas tous les répondants)
  • Simplifier la vie des participants
  • Faciliter grandement l’analyse des résultats.

#3. Ne pas envisager tous les cas

Je vous ai dit plus haut qu’il valait mieux se concentrer sur les cas utiles pour vous. Mais il ne faut pas pour autant oublier les personnes qui ne sont pas concernées par ces cas ! Pour chaque cas que vous traitez, une question doit vous obséder : et les autres ? Quel parcours proposez-vous aux personnes ne vérifiant pas cette condition ? Est-il cohérent ? On voit en effet trop souvent des enquêtes où les participants n’étant pas dans une cible visée se retrouvent livrés à eux-mêmes, et envoyés sur des pages n’ayant rien à voir avec leur situation.

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#4. Faire trop de cas

Si vous envisagez 15 cas différents pour obtenir la granularité la plus fine pour votre enquête, vous êtes à peu près sûr de vous tromper… En effet :

  • Plus le cheminement est complexe, plus vous avez des chances d’oublier des éléments
  • Certains participants seront concernés par plusieurs de ces cas à la fois, d’autres par aucun… Plus votre arbre est complexe, plus ces subtilités ont des chances de vous échapper

#5. Des conditions qui ne correspondent pas aux questions

Pour pouvoir rediriger les participants selon telle ou telle condition, encore faut-il disposer de l’information correspondante ! Assurez-vous donc de poser clairement les questions qui serviront de base à vos branchements conditionnels. On voit en effet régulièrement des branchements réalisés sur la base d’interprétation de questions légèrement différentes de ce que l’on veut mesurer, ou qui ne correspondent pas à la condition que l’on souhaite. Si vous voulez par exemple proposer un chemin pour les salariés et un pour les indépendants :

  • Posez la question telle quelle (n’essayez pas de déduire le statut à partir du métier, par exemple, en considérant qu’un agriculteur est indépendant et un ingénieur salarié)
  • Pensez aux autres cas : le monde ne se résume pas aux indépendants et salariés ! Il y a des personnes qui sont les deux à la fois, des étudiants, des retraités, des intermittents, des personnes sans emploi…

#6. Oubli du cas par défaut

Souvent, pour configurer un branchement conditionnel, vous devrez déterminer où une question renvoie en fonction de ses résultats ET où la page renvoie si cette question n’a pas été répondue. Mieux vaut ne pas oublier ce “cas par défaut” sur la page ! Sinon, vous allez envoyer des répondants sur des pages qui ne les concernent pas…

#7. Utiliser des doublons de questions

Si vous utilisez une même question sur plusieurs branches différentes, c’est probablement que l’arborescence de vos branchements conditionnels est inutilement compliquée. Vous pouvez alors vous demander comment rassembler sur une même page ces questions qui concernent plusieurs cas (cf. point #2).

#8. Numérotation des pages ou des questions

Si vous utilisez les branchements conditionnels de manière significative, mieux vaut ne pas numéroter les questions et les pages de votre enquête. Cette numérotation pourrait en effet apporter de la confusion, puisque les répondants pourraient passer de la page 2 à la page 5, ou de la question 10 à la question 25, s’ils ne sont pas concernés par un cas. La numérotation pourrait également les décourager en voyant que l’enquête comporte 15 pages, alors qu’ils ne sont en réalité concernés que par 5 d’entre elles.

Conclusion

Formidables outils, les branchements conditionnels n’en restent pas moins une des fonctionnalités les plus difficiles à maîtriser – tant dans leur conception théorique que dans leur configuration en pratique. J’espère que cet article vous aura permis de mieux les comprendre et les utiliser. Bon courage dans votre projet ! De mon côté, je me tiens à votre disposition pour vous aider dans votre projet à travers une mission de conseil ou une assistance à distance, selon votre besoin !

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Photo by Jon Tyson on Unsplash

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Pierre Simonnin

J'ai conçu et posé une bonne dizaine de milliers de questions depuis 2010. A travers ce site, je veux partager mon expertise pour vous aider à réussir vos projets :)

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