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Mis à jour le 16 août 2021

Simples, efficaces… Les questions oui/non ont la cote dans les enquêtes en ligne !… A moins qu’elles ne soient ni simples ni efficaces ? Demander aux participants de répondre par “oui” ou “non” à une question est, dans l’immense majorité des cas, une erreur à éviter… et je vous explique pourquoi !

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Oui ou non… Et la nuance dans tout ça ?

Commençons par le plus évident : poser une question oui/non ne vous donne absolument aucune nuance dans les réponses que vous obtenez. Vous obtenez X% de “Oui”, le reste dit “Non”, fin de l’histoire. Lesquels sont vraiment convaincus ? Lesquels sont plus mesurés ? Et quid de ceux qui doutent ? Tout est noyé dans un choix absolu : oui ou non.

Pour moi, ce manque de nuance est rédhibitoire, parce qu’il aplatit artificiellement des nuances qui existent effectivement dans la réalité. Il perd un nombre important d’informations essentielles. Mais je me suis rendu compte que ce manichéisme était en fait recherché par un certain nombre de personnes réalisant ponctuellement des enquêtes. Elles sont en effet bien volontiers prêtes à sacrifier la nuance des résultats, pour peu qu’ils soient plus faciles à interpréter. C’est sûr qu’on fait difficilement plus simple à interpréter qu’une question binaire !

Malheureusement, le principal problème des questions oui/non ne se pose pas au créateur de l’enquête…

Les questions oui/non posent un dilemme aux participants

Les répondants sont en effet les premiers à pâtir de l’utilisation des questions oui/non. Alors qu’on pourrait penser qu’une question aussi simple est forcément la plus facile pour les participants, c’est plutôt le contraire… Les participants souffrent eux aussi du manque de nuance ! Les réponses “oui” et “non” étant absolues, la marche à franchir pour passer de l’une à l’autre est tout simplement colossale. Ce qui rend le choix bien plus difficile, et leur donne souvent envie de répondre “ça dépend”.

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Le problème est encore accentué quand la question est posée maladroitement, ou que son cadre est un peu flou. Chaque petite imprécision de la question peut en effet prendre des proportions dramatique quand on demande de répondre par oui ou non. Et si en plus la question est obligatoire, on a le combo gagnant pour que les participants abandonnent immédiatement l’enquête

Les questions oui/non, pas si exhaustives

Une autre limitation assez inattendue des questions “oui/non” concerne leur exhaustivité… On pourrait croire qu’on fait difficilement plus exhaustif qu’une question oui/non. C’est pourtant loin d’être le cas ! En voici 3 raisons :

  • Toutes les personnes qui aimeraient bien répondre entre les deux ne se sentent pas vraiment représentés par ces deux options.
  • Tout le monde n’est pas forcément concerné par la question… De manière générale, ajouter une option “non concerné” est plutôt une bonne pratique (je vous explique pourquoi ici). Pourtant, on voit rarement de “non concerné” sur une question oui/non !
  • Selon la question que l’on pose, “non” n’est pas forcément l’opposé de “oui” ! Durant la crise du coronavirus, si vous demandez “avez-vous été exposé à une personne infectée”, l’opposé de “oui” serait plutôt “pas à ma connaissance” (je l’explique plus en détail ici).

Conclusion

En bref, si les questions oui/non semblent une évidence tellement elles sont simples et efficaces, il s’agit en fait d’une illusion… Elles sont en effet plus simplistes que simples, et ne rendent service ni aux répondants ni à l’analyse des résultats.

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En pratique, une échelle sera bien plus efficace : à la fois plus simple pour les répondants, et plus précise pour vous. Il n’y aura parfois même pas besoin de modifier la formulation de la question ! Et c’est finalement logique : une question oui/non n’est rien d’autre qu’une échelle composée uniquement des deux extrêmes. En bref, une question oui/non est une question échelle sans aucune nuance. A la place, pour de nombreuses raisons, je vous recommande l’échelle suivante : Pas du tout / Plutôt pas / Neutre / Plutôt / Tout à fait / Non concerné.

Je vous propose de terminer par un exemple concret des limitations des questions oui/non :

Exemple

Voici l’exemple réel d’un questionnaire donné à des personnes en recherche d’emploi afin de les orienter. Je vous retranscris telles quelles les premières questions posées (en gras) et mes commentaires (en italique) sur chacune d’entre elles :

  • Savez-vous comment trouver de l’information sur le métier envisagé ? Oui/Non
    • De quelle information parle-t-on exactement ?
    • Entre ceux qui pratiquent leur métier depuis 20 ans et n’ont besoin d’aucune information, et ceux qui savent trouver une partie de l’information sur le métier mais se doutent bien qu’ils n’ont pas tout, cela fait beaucoup de répondants qui ne savent pas quoi cocher…
  • Avez-vous déjà recueilli de l’information sur le métier envisagé : compétences requises, diplômes exigés, conditions de travail, salaire ? Oui/Non
    • Enfin, on précise de quelles informations on parle ! Mais il aurait été bien plus logique de poser cette question avant la précédente…
    • Quant aux personnes qui ont recueilli des informations sur les compétences requises et les diplômes exigés, mais pas sur les conditions de travail et le salaire, elles seront là encore embêtées pour répondre. Certaines sélectionneront “oui” car elles ont une partie des informations, d’autres “non” car elles n’ont pas tout.
  • Êtes-vous capable de décrire votre parcours de formation, votre parcours professionnel et, le cas échéant de lister vos activités extra-professionnelles ? Oui/Non
    • Là aussi, on évalue beaucoup de choses à la fois – et ce n’est jamais une bonne idée !
    • Mais même en supposant que l’on sépare ces différents points en des questions séparées (ce qui serait la bonne pratique), tous les problèmes ne sont pas résolus. Car entre une personne qui saura parfaitement raconter son parcours, avec tous les arguments qui mettront le recruteur en confiance et tous les apartés qui le mettront à l’aise, et une personne qui lira son CV d’une voix monocorde sans y croire le moins du monde, il existe une multitude de nuances. Avec à chaque fois la même question pour les personnes entre les deux : doit-on cocher “oui” ou “non” ?
  • Avez-vous fait le point sur vos attentes et vos envies ? Oui/Non
    • A quel moment peut-on imaginer que cette question est à la fois suffisamment claire et suffisamment simple pour y répondre rapidement par oui ou non ?

Cela continuait ainsi pendant des pages. Alors oui, ce questionnaire a des défauts, indépendamment du fait qu’il s’agit de questions oui/non. Mais c’est bien ce choix de réponse binaire, appliqué aveuglément à toutes les questions, qui rend les imprécisions du questionnaires très problématiques pour les répondants… et pour les résultats.

A0036 / Photo by Pablo Garcia Saldaña from StockSnap

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Pierre Simonnin

J'ai conçu et posé une bonne dizaine de milliers de questions depuis 2010. A travers ce site, je veux partager mon expertise pour vous aider à réussir vos projets :)

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