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Mis à jour le 16 août 2021

Les questions matrices sont un des incontournables des questionnaires. C’est simple : elles sont pour moi toutes aussi essentielles que les questions ouvertes… Et si vous me connaissez, vous savez que ce n’est pas peu dire ! Pourtant, elles ne sont malheureusement pas toujours bien utilisées et bien dosées, entre les enquêtes qui font l’impasse sur les questions matrices et celles qui en abusent. Dans cet article, je reviens aux bases, avec la définition et les cas d’utilisation, pour savoir quand utiliser (et ne pas utiliser) une question matrice.

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Définition d’une question matrice

Les questions matrices tiennent leur nom de leur forme de matrice (c’est-à-dire de tableau) :

Un exemple de question matrice sur SurveyMonkey

Dans ce tableau, les différentes lignes sont les différentes propositions que l’on souhaite évaluer. J’appelle ces lignes les items ou propositions. Les différentes colonnes, quant à elles, sont les différents choix proposés aux participants pour évaluer chaque item. On les appelle les options (comme dans une question fermée classique). La plupart du temps, les options d’une matrice suivent une évolution sur un même axe : on parle alors d’échelle.

Une question matrice est ainsi équivalente, en termes de résultats, à plusieurs questions fermées successives utilisant les mêmes options. Mais elles présente certains avantages par rapport à l’utilisation de ces questions fermées séparées.

L’intérêt des questions matrices

Les questions matrices permettent généralement de comparer plusieurs propositions sur une même échelle. On peut ainsi prioriser des éléments, voir ceux qui sont plus ou moins positifs, plus ou moins importants, identifier la présence ou non de problèmes sur différents sujets…

Tout cela serait également permis par des questions fermées successives. Mais le véritable intérêt des questions matrices se situe dans l’expérience utilisateur (UX) ! La forme des matrices permet en effet de signifier au répondant que chaque item est évalué avec les mêmes options. Il n’a donc pas besoin de parcourir les options à chaque nouvel item, contrairement à l’exemple suivant où les items sont abordés séparément :

Exemple d’enquête utilisateur envoyée par Ouigo où les questions, présentées séparément, mériteraient d’être regroupées sous forme de matrices

Si la différence et le gain de temps peuvent sembler minimes, cela fait, à l’échelle d’une enquête, un grande différence pour limiter la survey fatigue (qui se traduit concrètement par des abandons et des réponses moins fiables).

Un autre avantage est que les questions matrices sont disponibles sur la quasi-totalité des outils d’enquête en ligne. Je vous avais dit qu’elles étaient incontournables !

Quand utiliser une question matrice

On a vu que les questions matrices permettaient d’évaluer ou de comparer différents items, ou de remplacer une succession de questions fermées utilisant les mêmes options. Mais, je recommande également d’envisager leur utilisation à la place des questions suivantes :

Une matrice à la place d’une question cases à cocher

Une question cases à cocher ou “checkbox” (parfois abusivement appelée “question à choix multiple”), demande aux participants de sélectionner une ou plusieurs options dans une liste prédéfinie. On peut finalement voir une question cases à cocher comme une question matrice : les options de la question cases à cocher deviennent les items de la question matrice, et les options de la question matrice sont oui et non.

Deux questions équivalente, la première sous forme de cases à cocher, la seconde sous forme de matrice

Alors, que l’on soit clair : je ne vous recommande pas d’utiliser la question à droite. Et pour cause, elle utilise une échelle binaire oui/non que je déconseille fortement dans la grande majorité des cas, pour son manque de finesse et le dilemme mental qu’elle impose aux participants (la réalité étant souvent plus nuancée que “oui ou non”). Mais c’est aussi pour cela que je ne recommande par forcément l’utilisation des questions cases à cocher, qui emploient finalement une échelle oui/non déguisée.

A la place de la question cases à cocher, je recommande donc d’envisager si une question matrice aurait du sens. Cela peut bien sûr nécessiter de reformuler légèrement la question ou les items. Vous pouvez notamment utiliser mon échelle préférée : Pas du tout/Plutôt pas/Neutre/Plutôt/Tout à fait, en prenant le soin d’ajouter un “Non concerné” (je vous explique pourquoi dans l’article “Quand ajouter une option “non concerné” aux questions de votre enquête ?“).

Pour la question ci-dessus, c’est plutôt une échelle de fréquence qui serait la plus adaptée :

Une question dans l’esprit de la question précédente, utilisant cette fois une question matrice avec échelle de fréquence

Sous cette forme, la question produira des résultats plus complets et plus nuancés. Pour autant, il ne sera pas forcément plus difficile pour les participants d’y répondre. Ils arriveront en effet plus rapidement à se positionner sur une échelle nuancée qu’à déterminer si oui ou non il doivent cocher la case pour tel moyen de transport qu’ils n’utilisent qu’occasionnellement.

Veillez cependant à limiter le nombre de lignes de la matrice : 5 ou 6 est le maximum conseillé, et ne dépassez quoi qu’il en soit pas 8 : une matrice trop longue semble vite insurmontable aux répondants. Vous pouvez en revanche scinder votre matrice en plusieurs parties si besoin !

Une matrice à la place d’une question classement

Pour moi, les questions matrices remplacent avantageusement les questions classements. Je vous explique pourquoi ici.

Quand les questions matrices sont surutilisées

Vous l’avez compris, je vous recommande d’utiliser des questions matrices dans votre enquête ! Mais, comme tous les types de questions, il ne faut pas en abuser…

On rencontre en effet des enquêtes constituées quasi exclusivement de questions matrices, évaluant les unes après les autres des dizaines et des dizaines de propositions. Mais cela pose trois problèmes.

Déjà, un cruel manque de diversité ! Or, varier les questions est le moyen le plus sûr de garder les participants intéressés et concentrés, et donc de limiter la survey fatigue.

Ensuite, une enquête se reposant principalement sur les questions matrices n’utilise qu’un angle d’attaque, en ne faisant appel qu’au jugement des répondants. C’est oublier qu’il existe d’autres mécanismes de réponse ! Il est possible de faire appel à l’expérience, l’analyse ou encore la créativité des participants pour s’assurer d’une meilleure couverture du sujet, de résultats plus riches, et d’une enquête plus intéressante et valorisante pour les répondants.

Enfin, le recours massif à des questions matrices est souvent un symptôme de l’illusion d’exhaustivité, c’est-à-dire le sentiment d’avoir traité l’intégralité d’un sujet parce qu’on a posé toutes les questions auquel on a pensé sur ce sujet. Mais comme son nom l’indique, l’exhaustivité en question n’est qu’une illusion… Si les questions matrices sont précieuses pour quadriller un sujet, il ne faut pas oublier qu’il est impossible de traiter l’intégralité d’un sujet par ce moyen. Utiliser d’autres angles d’attaque, d’autres mécanismes de réponse, d’autres types de questions (et notamment des questions ouvertes), est en effet indispensable.

Poser de bonnes questions matrices

Vous savez maintenant tout sur l’utilisation des questions matrices ! Rendez-vous dans l’article suivant pour toutes les bonnes pratiques à respecter pour poser vos questions matrices et les pièges à éviter dans leur construction !

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Ils m’ont fait confiance !

Pierre nous a apporté toute son expérience du questionnaire en ligne, et nous a permis de gagner beaucoup de temps dans le cadre d’un planning serré. Nous avons particulièrement apprécié sa sensibilité sur l’expérience utilisateur !

Vincent Pilloy
Fondateur et CEO chez INOV360

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Pierre Simonnin

J'ai conçu et posé une bonne dizaine de milliers de questions depuis 2010. A travers ce site, je veux partager mon expertise pour vous aider à réussir vos projets :)

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